sexta-feira, outubro 23, 2009

Entre les mailles du filet de l’assistance humanitaire ?

Origem do documento: www.irinnews.org, 23 Out 2009

GUINÉE-BISSAU: Entre les mailles du filet de l’assistance humanitaire ?


SAN DOMINGOS, 23 octobre 2009 (IRIN) - Il peut sembler étrange que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’occupe de projets de diversification agricole dans le nord de la Guinée-Bissau, alors que son mandat traditionnel est d’aider les populations affectées par la violence et les conflits. Toutefois, selon le CICR, la région semble passer entre les mailles du filet de l’assistance et les fermiers ont besoin d’aide.

Etant donné l’histoire mouvementée de la Guinée-Bissau et sa proximité, au nord, avec la Casamance, une région instable du sud du Sénégal, les habitants de la ville de San Domingos – les réfugiés de Casamance et les locaux – sont sur le fil du rasoir, ont indiqué des travailleurs humanitaires.

« Il s’agit d’une situation de ni guerre ni paix, ni développement ni humanitaire... Ce n’est pas clair », a dit à IRIN Ilda Pina, coordonnatrice des programmes pour la sécurité économique du CICR.

La majeure partie des réfugiés survivent en pratiquant l’agriculture de subsistance ou en vendant des noix de cajou, dont le prix, très fluctuant, est passé de 56 cents à 28 cents le kilo au cours des derniers mois.

Dans le nord, les réfugiés sont particulièrement vulnérables parce qu’ils dépendent de parcelles prêtées par les communautés hôtes, a indiqué Yuba Sanya, qui représente les réfugiés dans le village d’Umbaim, au sud de San Domingos. Mais la demande de parcelles risque d’augmenter avec l’accroissement de la population des villages, ce qui provoque déjà des tensions dans certaines zones.

Malgré la situation, de nombreux réfugiés ont trop peur pour retourner dans leurs villages dont plusieurs ont été pillés et brûlés dans les années 1990 et sont toujours abandonnés, a ajouté M. Sanya.

Par le passé, l’agitation provoquée par une rébellion longue de 27 ans en Casamance, dans le sud du Sénégal, a ponctuellement affecté le nord de la Guinée-Bissau.

Selon l’organisation de développement allemande GTZ, la Casamance a connu au moins 20 vols de voiture violents et pillages par des groupes armés depuis le 1er mai. « On ne sait jamais ce qu’il va se passer » en Guinée-Bissau, a dit Nicholas Olivier, chef du CICR dans le pays. Il a cependant ajouté que le pays avait connu peu de violences liées au conflit au cours des dernières années.

Selon Christophe Martin, chef de la délégation régionale du CICR pour l’Afrique de l’Ouest : « Il ne s’agit pas d’une urgence humanitaire en tant que telle, mais la population [tant les réfugiés que les habitants] souffre des violences sporadiques dans la région et des pertes de récoltes. Ils n’ont pas accès aux services de santé et nombre d’entre eux ne peuvent toujours pas accéder à leurs champs en raison [de la présence] de mines antipersonnel ».

« Les partenaires publics manquent de moyens et le soutien de la communauté internationale est trop discret, ce qui nous oblige à maintenir notre présence », a-t-il ajouté.

Question d’insécurité ou de capacité ?


D’après un responsable des Nations Unies qui a requis l’anonymat, les problèmes de logistique, l’incapacité du gouvernement et la concentration des ONG dans les zones plus peuplées de Gabu et Bafata et dans la capitale, Bissau, contribuent, plus que l’insécurité, à limiter les interventions dans les zones isolées.

M. Olivier, du CICR, a noté que les bailleurs de fonds internationaux donnaient la priorité à des projets de développement ambitieux et à long terme, comme la construction d’infrastructures ou la réforme du secteur de la sécurité. Bien que ces projets soient cruciaux, a-t-il dit, le fait de leur accorder la priorité signifie que des problèmes, comme la pauvreté aiguë ou la malnutrition chronique dans certaines régions du pays, risquent d’être oubliés.

« Il y a des lacunes partout – liées au manque de moyens du gouvernement », a indiqué M. Olivier, qui a travaillé auparavant dans la gestion de crises en Indonésie, au Soudan et au Tchad.

Les autorités locales de San Domingos disposent d’un budget de moins de 1 500 dollars par mois pour gérer les services essentiels et améliorer les infrastructures, a indiqué le préfet Gonzales Cardoso à IRIN. « Nous sommes très faibles au sein du gouvernement : nous ne pouvons donc pas faire grand-chose…. Et comme nous ne pouvons rien faire, nous attendons l’aide des autres pays ».

La Guinée-Bissau se situe au 173e rang sur 182 selon l’indice de développement humain (IDH) des Nations Unies. Dans les provinces du nord, environ une personne sur cinq souffre de malnutrition modérée, selon les statistiques du gouvernement pour 2006, confirmées par le Programme alimentaire mondial (PAM).

Présence

Le PAM fournit des vivres à 1 300 femmes et enfants qui habitent l’extrême nord de la région de Cacheu, qui englobe San Domingos, Susana et Varela. L’organisation fournit également des repas aux élèves de 50 écoles, selon Formoso Vaz, assistant de programme du PAM. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a contribué à la construction de puits et de latrines dans certaines régions du nord.

Sœur Ruti Araujo gère une mission catholique à Susana, près de la frontière nord, qui offre des soins gratuits à ceux qui habitent dans un rayon de 20 kilomètres. L’ONG portugaise Vida, basée à San Domingos, apporte son aide aux services publics de santé maternelle et aux campagnes de vaccination. Mais l’ONG pourrait devoir partir en raison d’un manque de financements, a indiqué Pozzi Morena, conseiller de Vida en matière de santé.

D’après Giuseppina Mazza, coordinatrice résidente des Nations Unies en Guinée-Bissau, la capacité limitée des ONG qui œuvrent dans le pays restreint leur portée. Si davantage d’ONG internationales s’intéressaient à la Guinée-Bissau, la situation pourrait être différente, a-t-elle ajouté.

Mme Mazza a estimé que la priorité devrait être accordée à la qualité des interventions plutôt qu’aux chiffres. « Nous devons renforcer la coordination des organisations qui travaillent sur le terrain et développer la capacité des partenaires du gouvernement à répondre aux besoins à travers le pays ».

Le CICR a lancé un appel de fonds de 7,9 millions de dollars afin de financer ses programmes en Guinée-Bissau, au Cap-Vert, en Gambie et au Sénégal en 2010. « Tant que la situation demeure instable, nous resterons sur place », a dit M. Martin à IRIN.



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