sexta-feira, outubro 16, 2009

Bissau demande-t-elle des gages ?

Origem do documento: www.africatime.com, 16 Out 2009

BRUIT DE BOTTES A LA FRONTIERE SENEGALO-GUINEENNE: Bissau demande-t-elle des gages ?
(Sud Quotidien 16/10/2009)

L’armée Bissau guinéenne s’est déployée à la frontière avec le Sénégal, ont indiqué des sources relayées mercredi 14 octobre dernier par nos confrères de l’Agence de presse africaine (Apa). Une situation qui n’avait pas évolué hier, jeudi 15 octobre et qui serait due à un différend autour des terres situées à la limite entre les deux pays, au Cap Roxo, justifie-t-on à Bissau. Des observateurs pensent quant à eux, que le nouveau pouvoir Bissau guinéen demanderait plutôt des gages à son puissant voisin sénégalais.

Hier, la bande de César Atoute Badiate de Kassolole se serait aventurée jusqu’aux abords de Ziguinchor à Kantène précisément, renseignent des sources dignes de foi. Atoute Badiate qui veut entrer dans les bonnes grâces des jeunes révoltés de son camp donne ainsi des gages. Sa bande s’en est donc prise à des véhicules et des motos, dont les conducteurs se rendaient, pour certains, à Sao Domingos en Guinée-Bissau.

Le regain de tension dans la situation casamançaise avec la recrudescence des braquages et autres attaques de la part d’éléments armés inconnus supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) depuis l’hivernage ajoute à la confusion à la frontière avec la Guinée-Bissau où l’on a noté, depuis mercredi dernier, un mouvement inhabituel des forces armées de ce pays.

Selon nos confrères de l’Agence de presse africaine (Apa), qui ont donné la nouvelle, les autorités bissau-guinéennes accuseraient le Sénégal d’avoir fait disparaître les bornes frontalières de la zone touristique située au Cap Roxo avec le dessein certainement de l’annexer. Hier, jeudi 15 octobre la situation n’avait pas connu évolution notoire. N’empêche, la diplomatie des deux pays s’évertuait à aplanir le différend au mieux de leurs intérêts respectifs et de la bonne entente.

Des observateurs avertis verraient plutôt à travers les rouspétances bissau guinéennes des gages que l’on exigerait au puissant voisin qui serait tenté d’user de son droit de poursuite au delà de ses frontières avec la reprise des activités des bandes armées qui ennuient et ensanglantent encore la Casamance.

Il s’y ajoute que si la question électorale est curieusement une affaire réglée en Guinée-Bissau, le pays souffre cependant des incertitudes et des troubles des périodes post-électorales. Le rôle et la place de l’armée dans l’architecture républicaine posent un problème jusqu’ici pas solutionné.

Malam Bacaï Sanha élu au deuxième tour en juillet dernier par 63,52% par l’électorat de son pays reste dans ce cadre un président d’un Etat affaibli, d’autant plus par l’instabilité, le trafic de drogue et une pauvreté chronique. Le porte-drapeau du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-vert (Paigc), qui succède au président Jaoa Bernardo "Nino" Vieira, assassiné le 2 mars 2009, compte parmi les « réfugiés » au Sénégal d’irréductibles adversaires.

Certains parmi lesquels des officiers et officiers supérieurs sous « Nino » ont été même des témoins oculaires des assassinats multiples qui ont endeuillé la classe politico-militaire bissau guinéenne avec les élections. Le président Vieira et son chef « imposé » d’Etat major général des forces armées, Tagmé Na Waié tués concomitamment dans des attentats simultanés et spectaculaires, un candidat et des proches du président assassiné passés également de vie à trépas par des forces jusqu’ici non démasquées, on craint certainement à Bissau que les langues se délient depuis Dakar.

La majeure partie des « réfugiés » galonnés parmi lesquels un ancien chef d’Etat major général pendant la mutinerie de juin 1998 à Dakar était de solides piliers du régime de Jaoa Bernardo Vieira. On semble s’inquiéter dès lors de leur présence en nombre à Dakar et des informations qu’ils détiennent et de ce qu’ils comptent en faire.

Pour des observateurs de la situation sous régionale, « le Sénégal ferait les frais de son hospitalité, de la stabilité de son système et de sa démocratie qui font qu’il soit la terre d’asile par excellence dans la sous-région. Le hic est que la présence sur ses terres d’opposants civils et militaires le rend suspect aux yeux de certains de ses voisins. Yaya Jammeh de Gambie continue d’accuser le Sénégal de donner refuge à son putschiste Ndour Thiam. Bissau où le nouveau pouvoir n’ignore pas que parmi ses adversaires les plus redoutables, il compte l’armée, celle qui en activité comme celle qui est en réserve, voudrait être rassurée par le voisin sénégalais. Il en est de même du cousin gambien ».

En dépit en outre du fait que les questions frontalières sont récurrentes entre les deux pays et certains, notamment celui de 1989, ont connu même des développements relativement rugueux, la raison a toujours prévalu comme dans le partage des puits de pétrole offshore situé juste à la frontière maritime entre les deux pays librement accepté par le Sénégal, malgré l’arbitrage en sa faveur du Tribunal international de La Hayes. S’y ajoute que le roi d’Oussouye comme celui des Floups en Guinée-Bissau, distribuent les terres à leurs sujets et ne se préoccupent point du tracé légué par le colonisateur.

Sur la question par conséquent de la bande de terre au Cap Roxo en litige, il s’agira pour les mêmes observateurs, pour les promoteurs de prendre en compte les dimensions culturelles, culturelles et de droit coutumier du problème et d’y faire droit. Et pour le Sénégal de rassurer ses voisins tout en réaffirmant son hospitalité pour tous les parias s’il n’est pas trop occupé à ses remaniements-réaménagements interminables de son gouvernement.


par Madior FALL

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